L’anthropomorphisme est une tendance propre à l’Homme de considérer l’animal à son image, lui prêter des qualités, des sentiments, des réactions semblables à lui-même.
Il est vrai que la proximité avec un animal domestique conduit souvent l’homme à négliger les frontières interspécifiques et à considérer celui-ci comme son congénère, oubliant sa spécificité en tant qu’animal et en lui donnant un rôle auquel l’espèce n’est pas prédestinée. A la base, chaque espèce animale vit dans un monde perceptif et significatif qui lui est propre. Ce qui est signifiant pour l’un, ne l’est pas forcément dans le monde de l’autre. Les stimuli sont propres à chaque espèce.
L’anthropomorphisme existe depuis longtemps dans de nombreux pays, mais il a atteint aujourd’hui son paroxysme.
Quelles peuvent être les conséquences ?
Anthropomorphiser un animal au point d’oublier sa véritable nature, c’est le dégrader, lui manquer de respect. Est-ce normal d’aimer un animal pour ce qu’il n’est pas ? En croyant bien faire, on le traite de manière inadaptée, ce qui revient à dire, soyons franc, à une forme de maltraitance.
Est-ce que l’Homme a voulu créer un substitut pour combler un manque d’affection, une solitude ? Nous avons prouvé que certains animaux domestiques contribuent au bien-être psychologique et physiologique de l’homme avec la TAA (Thérapie Accompagnée par l’Animal), la réciproque est-elle vraie ou possible ?
Aimer, c’est respecter la nature de l’autre.
Par exemple, si je décide de prendre un chien sous ma responsabilité, j’ai le devoir d’apprendre à connaître sa nature et essayer de le rendre heureux. Pour cela, il faut connaître les règles d’une meute. J’adopterai le comportement d’un chef de meute, afin qu’il puisse s’épanouir totalement, rester lui-même tout en connaissant les limites à ne pas dépasser à la maison, à l’extérieur et ainsi éviter les accidents. C’est à nous de le rendre heureux en respectant son répertoire comportemental.
Le chien est génétiquement éloigné de l’homme et il va de soi pour moi qu’il doit avoir des contacts avec ses congénères parce c’est important pour son évolution.
L’anthropomorphisme dans la relation homme/chien peut créer des situations au cours desquelles l’animal n’aura pas d’autres issues que le conflit avec son maître, car il ne perçoit pas les situations de la même manière.
Un exemple : vous avez habitué votre animal à manger avec vous, un jour, vous recevez des invités et ce jour-là vous interdisez à votre animal de manger avec vous. Il ne le comprendra pas, pourrait vous grogner dessus et vous mordre. Serait-ce de sa faute ? Certainement pas, car le chien est inconscient des situations de changement en sa défaveur, cette incohérence gestuelle et sensorielle va venir désorganiser son développement et créer des troubles comportementaux. C’est pour cela qu’il faut instaurer des règles dès le départ. Avec un chien, il faut penser à la structure sociale d’une meute de loups, je suis le chef, je mange le premier, ensuite c’est ton tour, je ne cède pas, jamais ! S’il a compris, il faut le récompenser avec des caresses, il comprendra alors son rôle, fera la différence entre ce qui est bien ou mal et connaîtra ses limites.
Nous avons voulu des loups à notre image, quelle drôle d’idée !
Maintenant qu’ils sont-là, sachons les aimer pour ce qu’ils sont devenus, c’est la moindre des choses.
Le chien descend du loup, il ne peut certainement pas réagir de la même manière que nous face à une situation pour une raison très simple à comprendre, ses cinq sens sont beaucoup plus développés que les nôtres (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher) et peut très rapidement prendre le dessus si nous ne l’éduquons pas à la manière de son ancêtre, afin qu’il se sente en sécurité en sachant où est sa place chez lui, d’où l’importance de connaître une espèce avant de l’adopter pour éviter les accidents causés par l’aveuglement d’un anthropomorphisme exagéré.
Nous devons coopérer ensemble dans le respect de nos différences pour l’équilibre de chacun.
Je pense également qu’il faudrait arrêter toutes modifications génétiques.
Sandrine Devienne pour Le Klan du Loup
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7 Responses
Voici un texte clair, direct ,intelligent et que tout le monde devrait pouvoir comprendre. Je partage large !
Nous transmettons à Sandrine Devienne, notre éthologue.
Salutations lupines.
association Le Klan du Loup
http://www.loup.eu
un texte clair et instructif, je suis contente de l’avoir lu. Merci à l’auteur.
Bonjour. Grâce à votre article : une sérieuse remise en question auprès des animaux domestiques et autres s’impose. Merci
Merci pour cet article tres intéressant… Je savais deja tout ce qui y est explique.. Toutefois, j en veux a tous ceux qui martyrisent les animaux, sauvages ou domestiques car cela c est L HOMME qui en decide ainsi et non l animal!!! L animal n est jamais cruel et s il attaque c est pour se défendre, defendre les siens ou pour se nourrir…bien contrairement aux hommes.. C est la raison qui nous fait souvent oublier beaucoup de choses quant au bonheur de nos charmants compagnons ou d autres qui subissent des maltraitances injustifiées…
oui toujours très intéressant vos articles , un plaisir de vous avoir et d’être informez sur des sujets qui ns tienne a coeur, merci
@dalbon :
Merci pour votre soutien !
association Le Klan du Loup
http://www.loup.eu