La société guerrière que représentait l’Europe s’est éteinte sous le voile de la Croix et d’une morale prétendument divine propre à régenter les rapports barbares, et le loup, incarnant la « barbarie féroce », a cessé d’en orner les bannières.
On avait détruit les Hommes forts, il fallait anéantir leurs symboles. La fureur des Hommes pieux poursuivit le Loup jusqu’à le faire disparaître complètement.
Au respect qu’imposaient sa force et ses pratiques sociales, l’Eglise y substitua la haine. A défaut d’exister, elle inventa des attaques qui ne vivaient que dans ses cauchemars.
Le Loup devint un mangeur d’innocents, un rôdeur qui dévorait les enfants et ne se trouvait repu que lorsqu’il s’était gavé de chair humaine. Les fables animalières l’affublaient de tous les défauts, l’Homme exorcisant ses pitoyables travers dans la recherche du bouc émissaire biblique.
L’Homme y avait vu un farouche concurrent, l’Eglise un démon car représentant sans doute une image par trop parfaite de la Force et de la Beauté.En détruisant l’animal mythique et en le rangeant du côté du mal, l’Homme ne prendrait plus exemple sur lui.
L’Église préfère gouverner des agneaux plutôt que des loups.
