Parmi les questions clivantes et discriminantes, au sein de la société contemporaine, figure le rapport de l’animal humain avec les autres animaux.
La culture traditionnelle interdisait de poser la question de ce rapport de l’espèce humaine avec l’ensemble du Vivant.
Les dogmes religieux monothéistes et les premiers balbutiements des lumières encore bien pâles enseignaient que l’Homme siégeait su un piédestal, créé par les divinités pour croître, multiplier, dominer et asservir le Monde.
Le dogme l’enjoignait de devenir comme seigneur et maître de la Nature, source de profits et de dérivatifs récréationnels.
Or, d’une part, il y a une unité du Vivant et, d’autre part, la douleur physiologiquement éprouvée et la souffrance morale en résultant sont partagées par tous les individus dotés d’un système nerveux.
Refuser d’infliger à autrui une souffrance que l’on refuserait pour soi-même est la base de toute morale élémentaire.
Nier ce principe impératif moral revient à s’exposer soi-même à l’agression d’autrui.
Si on ne respecte pas la Vie de son voisin et si la société n’est pas là pour faire respecter l’interdiction du meurtre, il faut s’attendre à être tué par ce voisin.
La reconnaissance du droit d’autrui n’est pas qu’une manifestation d’altruisme. C’est une opportunité en vue d’une réciprocité.
Faut-il reconnaître des droits aux animaux non-humains ?
Peut-on passer un contrat avec la Nature ?
Pour qu’il y ait droit subjectif, il faut qu’il y ait un sujet de droit et pour qu’il y ait contrat, il faut la rencontre de deux volontés.
Or, la Nature ne contracte rien avec nous.
En fait, l’humain appartient à la nature, ce que devrait lui rappeler sa condition tragique de vivant éphémère.
On ne saurait passer un contrat naturel car cela reviendrait à contracter avec ce qui nous inclut. Les animaux qui peuvent souffrir méritent un statut de protection contre cette souffrance.
Alors, droits des animaux ou devoirs de l’Homme envers eux, puisqu’ils sont à la merci de l’Homme ?
Vous avez eu, probablement, écho de ce débat agitant les esprits de quelques juristes et de philosophes.
Or, je soutiens que ce débat n’a pas lieu d’être.
Car la question des droits des animaux n’est pas différente de celle des droits de l’Homme.
En effet, le droit subjectif de l’individu n’existe pas abstraitement.
Tout droit est en réalité un devoir d’autrui à l’égard de l’individu.
Vous êtes propriétaires de vos biens uniquement parce que tous les autres ont, envers vous, le devoir de reconnaître votre prérogative sur la chose.
Un homme seul sur la planète n’aurait plus aucun droit puisqu’il n’y aurait plus personne débiteur d’un quelconque devoir à son égard.
Donc, tout animal possède des droits puisque les Hommes ont le devoir de respecter ces êtres vivants.
Pour ceux qui nient les droits des animaux et donc les devoirs des Hommes envers eux, ces êtres vivants peuvent être soumis aux mauvais traitements, à la torture, voués à la mort, parce que la tradition l’autorise.
D’autres hommes ont longtemps brandi ce paravent des crimes à l’encontre des esclaves, des sauvages, des ennemis.
Entre les tueurs, les tortionnaires et nous, il y a un fossé plein de sang !
Abolir la chasse, la tauromachie et tout ce qui génère souffrance permettra de franchir une étape civilisationnelle fondamentale.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE et NATURE
Une FORCE POUR LE VIVANT