Le Journal du Dimanche n’a pas peur du ridicule. A moins qu’il ne prenne ses lecteurs pour des demeurés… Il nous sert, le dimanche 13 Octobre [2013] un nouvel opus qui ne manque pas de saveur. Et si ce pauvre loup, tant décrié n’était pas à nouveau dans le collimateur des ennemis de la nature (incomparablement plus nombreux que les loups !) nous pourrions en rire sans retenue.
Jugez plutôt par cet extrait : »Le loup se rapproche. Comme il fait partie des espèces protégées, il ne se méfie plus de l’homme. (sic !) Il y a quelques années, on en entendait parler dans les Vosges. L’an dernier, il y a eu un cas en Haute-Marne. Mais si rien n’est fait, dans trois ans il sera dans la forêt de Fontainebleau. »
Oui : vous avez bien lu… Depuis que les loups ont pris connaissance de la Convention de Berne on ne les tient plus ! Et après Bar sur Aube ce sera Fontainebleau ! C’est à dire l’île de France… L’horreur absolue !
Mais quel esprit éclairé cite-t-on dans cet article signé par Marie Quenet « envoyée spéciale » du JDD ? Un Biologiste ? Un éthologue ? Bref : un naturaliste ? Pensez-vous ! … un brave agriculteur de l’Aube qui, céréalier et éleveur de moutons (donc grand expert de Canis lupus) a évalué avec précision la progression du grand prédateur. Ainsi peut-il d’ores et déjà affirmer à quelle date il fera son entrée en Ile de France. Un « brave » agriculteur qui, soit dit en passant, est prêt à braver la loi et à prendre les armes : « Si on en voit un on le descend ! ». Ce discours ne semble pas émouvoir la journaliste qui s’abstient de tout commentaire. Ce n’est pas cela qui l’intéresse.
Que cherche-t-on avec pareille littérature ? A faire trembler le francilien et « retourner » le » citadin », plutôt favorable au retour du loup ? Sait-on jamais : si demain une meute venait à s’installer dans le bois de Vincennes ?
Certes, la journaliste qui veut montrer « qu’elle fait son boulot » précise que les attaques observées sont « majoritairement » le fait du loup. Comment l’a-t-on établi ? Nous ne le saurons pas. Dommage : car les chiffres énoncés sont impressionnants et ce loup qui a été repéré (un seul en fait l’a été officiellement …) semble avoir gros, très gros appétit.
Et les autres causes ? Celles qui sont « minoritaires ». N’existaient-elles avant que le loup entre en scène ? Pourquoi ne dérangeaient-elles pas alors l’agriculteur ? Ce sujet ne semble pas (non plus) intéresser la « journaliste » qui les élude et ne semble avoir qu’un but : brandir un épouvantail, susciter l’inquiétude et, une nouvelle fois, faire du loup la menace qu’il convient d’éradiquer. Le titre de l’article en dit d’ailleurs long : « Le loup aux portes de Paris ». Lesquelles se situent donc (désormais) à Bar sur Aube ! Quand posera-t-on un autre regard sur la nature, sur le monde du vivant ?
Nous rêvons d’un hebdo, d’un quotidien qui titrerait : » Enfin une bonne nouvelle : après plus d’un siècle le loup est de retour dans le bassin Parisien … ».
Publié avec l’aimable autorisation de Gérard Martin de la CVN
association Le Klan du Loup