Le moins que l’on puisse dire, c’est que le retour du loup ne semble pas être une préoccupation pour les habitants du village. C’est moins vrai pour les chasseurs et les éleveurs.
Le possible retour du loup dans le Jura n’a pratiquement pas alimenté les discussions dans les bistrots de Ballaigues (Suisse) et alentours. « J’aurais plus peur du loup que des sangliers », admet tout de même la femme d’un agriculteur. « Je me réjouis de son retour », commente un garde forestier.
En revanche les éleveurs comme les chasseurs ne voient pas d’un bon oeil la réapparition du carnassier. Pour Jean-Louis Grivet, président de la fédération des chasseurs vaudois, « le loup n’a pas sa place dans notre pays, mais il nous faudra faire avec. »
« En tant qu’agriculteur-éleveur, nous ne pouvons que craindre le retour du loup. Sa présence complique la vie de l’agriculteur et augmente ses frais d’exploitation », témoigne Antoinette Leresche, ancienne syndique de Ballaigues.
Le carnage n’est pas la règle
Bernard Reymond, ancien garde-faune de la région, s’inscrit en faux contre ce genre de croyance. Il reconnaît toutefois «que les montées d’adrénaline d’une meute en chasse, conjuguées à la panique d’un troupeau de moutons peuvent causer de grands dégâts». Mais, le carnage n’est pas la règle.
L’homme connaît le loup pour avoir étudié son histoire dans la région. L’extermination du loup dans notre canton remonte au milieu du XIXe siècle selon lui. Les livres de comptes de la Commune d’Agiez révèlent en effet que sept louveteaux ont été tués par un habitant du village en 1855. Antoinette Leresche se souvient, elle, d’avoir lu dans un cahier d’un aïeul que les pattes du dernier loup abattu au village avaient été clouées à la porte des abattoirs. L’ancienne syndique de Ballaigues, même si elle n’apprécie pas son retour, avoue s’être rendue à l’exposition qui est consacrée au loup en ce moment même en France voisine, à la Maison de la réserve naturelle du lac de Romarey.