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Le Loup revient en Montagne noire

Le loup repointe ses crocs en Montagne noire

Loup, y es-tu, dans la Montagne noire ? « Oui, à une très forte probabilité », confirme Pascal Pouzenc, responsable de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) du Tarn. Les indices s’accumulent, depuis le 5 février et encore dimanche dernier 16 mars. Ce jour-là, une quatrième carcasse de chevreuil est découverte, à Saint-Amans-Soult, dans le même secteur en contrebas du pic de Nore. Comme les fois précédentes, la façon dont le gibier est attaqué et dépecé, gorge broyée et peau retournée en chaussette, la grande quantité (entre 5 et 10 kg) de viande consommée d’un coup, correspondent « à 98 % au mode opératoire du loup ». Quatre moulages d’empreintes et le témoignage d’un piégeur qui l’a vu pendant 15 secondes vont dans ce sens ; la confusion avec un grand chien n’est toutefois pas totalement écartée. Pour en avoir la certitude, Pascal Pouzenc attend le résultat de l’analyse d’une crotte, découverte aux environs d’une des proies. L’excrément congelé est confié au laboratoire d’écologie alpine de Grenoble, qui ne rendra pas son verdict avant juin. En attendant, l’ONCFS est preneur de toute information ou témoignage (1). Déjà, les langues vont bon train. Pour ne pas laisser le champ libre aux rumeurs, François Philizot, le préfet du Tarn, a donné hier soir à Albi une conférence de presse : « En terme de sécurité de la population, il n’y a aucun risque. Il n’y a eu aucune attaque contre des personnes depuis le retour du loup en France en 1994, ce qui n’est pas le cas avec les chiens… » Le représentant de l’État conseille malgré tout « de ne pas se précipiter en Montagne noire avec un appareil de photo », les chances d’apercevoir cet animal très discret étant infimes.

Qu’il soit de passage ou à demeure, la présence d’un loup en Montagne noire n’aurait rien d’étonnant. « Ce n’est pas plus difficile pour un loup de venir des Alpes ou de Lozère que pour un automobiliste. Ils peuvent parcourir 50 kilomètres par jour », compare le préfet.

Le capitaine Serge Bonafos, officier de police judiciaire au groupement de gendarmerie du Tarn a connu « deux cas semblables, l’un en Lozère, l’autre dans le Cantal. À chaque fois, on n’avait signalé la présence que d’un seul animal. Ce sont des loups solitaires, à la recherche d’un nouveau territoire. Si on en a observé en Lozère ou dans le Cantal, pourquoi pas dans le Tarn ? »


« J’ai vu une bête grise, à quelques mètres »

Tout a commencé avec la carcasse d’un chevreuil. La première d’une liste qui s’allonge de semaine en semaine. « Nous l’avons trouvée avec deux énormes trous dans le cou. On a pensé à un chien ou à une balle », raconte Claude Roques, garde-chasse et piégeur sur la commune de Saint-Amans-Soult. « Quelques jours plus tard, un cycliste m’a fait part d’une nouvelle carcasse. Les trous dans le cou provenaient bien de morsures et pas d’une balle. On a essayé de piéger l’animal qui aurait fait ça. Sans succès. Depuis on a trouvé d’autres carcasses. Toujours dans le même état : mangées sur l’arrière, les viscères qui sortent, les côtes coupées. C’est typique des loups », témoigne Claude. L’ONCFS s’est déplacé plusieurs fois sur les lieux. « Selon eux, il y avait 80 % de chances que ce soit un loup. Le jour où ils m’ont dit ça, j’ai répondu qu’ils pouvaient en être quasiment sûrs. Et pour cause. La veille, j’avais vu un animal en retournant en forêt. C’était une bête grise, à une vingtaine de mètres. Elle est restée quelques secondes avant de partir tranquillement, sans avoir peur. Elle venait sûrement de se rassasier. Je n’avais jamais vu de loup avant. Cet animal y ressemblait fortement et je sais que ce n’était pas un chien ». Et Claude de conclure : « Ma grand-mère m’a raconté quelques histoires sur la présence de loups dans le coin. Mais c’était il y a un siècle… »


Un endroit idéal pour le loup

Si les loups s’implantent à nouveau en Montagne noire, ce sera d’autant plus « naturel », selon le qualificatif du préfet que la région s’y prête. « De même que les monts de Lacaune, c’est une zone boisée à 75 %. La forêt se compte par dizaines de milliers d’hectares », évalue Marc Mariel, à la direction départementale de l’agriculture et de la forêt à Albi. Ces bois abritent des chevreuils, dont le nombre augmente, des sangliers, des lapins, des lièvres, que le loup croque volontiers. C’est aussi un excellent prédateur de chiens errants.

Autre avantage, par rapport aux Alpes, le mode d’élevage est complètement différent. Ici, les troupeaux de moutons ne vont pas à l’aventure. Ils sont parqués et vivent dans des périmètres restreints, plus faciles à protéger.

Sujette à controverse ailleurs, la cohabitation avec cette espèce protégée pourrait s’en trouver facilitée. Si malgré tout un mouton était mangé, le préfet rappelle « que le dispositif d’indemnisation des dégâts dus au loup, existant depuis 1993, peut s’appliquer au Tarn ».

Une ou deux meutes sont déjà signalées dans les Pyrénées-Orientales. « Et, contrairement à ce qu’on imagine, ces loups ne viennent pas d’Espagne, mais d’Italie. » C’est pourquoi, dans le Tarn, l’hypothèse avancée est également celle d’un immigré italien…


Saint-Amans-Soult ne crie pas encore au loup

Saint-Amans-Soult ne crie pas encore au loup. Et heureusement. Suite à la découverte de quatre carcasses de chevreuils dans le secteur, la présence quasi avérée de la bête dans la Montagne Noire n’affole pas la commune. « Il ne faut pas donner à cet événement plus d’importance que cela », prévient Daniel Vialelle, maire de Saint-Amans-Soult. « On n’en est pas encore aux hordes de loups sauvages du Moyen âge », plaisante-t-il. «Ceci étant, ce n’est pas une surprise d’en voir par ici, sachant qu’il y en a déjà qui ont été repérés dans le Cantal, en Aveyron ou en Lozère», poursuit-il.

« Sa présence est une bonne chose au niveau de la biodiversité et sur ce principe j’y suis donc plutôt favorable », explique-t-il. « Mais il ne faut pas oublier non plus que cet animal est potentiellement un danger, même s’il semble plutôt craintif et s’éloigne à l’approche des humains. Au demeurant, la Montagne Noire est un secteur extrêmement vaste. Les loups sont des animaux qui bougent énormément et qui peuvent faire 50 km par jour. Il faut rester vigilant mais ne pas s’affoler pour autant », assure-t-il.

Comme il l’explique, la commune de Saint-Amans-Soult est située sur le versant nord. « Il n’y a là que des bois avec suffisamment de gibier pour le rassasier. Pas de moutons, pas de ferme ou d’habitations susceptibles de l’attirer. »

Présent depuis plusieurs mois?

Si l’ensemble de la population a appris la nouvelle ce jeudi, il se pourrait que le loup soit dans les parages depuis plusieurs mois. Les chasseurs avaient pour mot d’ordre de ne pas en parler tant que rien n’était sûr. Christian Roques, président de la société de chasse, explique « avoir remarqué des problèmes depuis pas mal de temps. Au début de la saison de chasse, vers septembre-octobre, il y avait très peu de chevreuils, beaucoup moins que d’habitude. La situation est petit à petit revenue à la normale. Je pense que l’animal était présent avant la période de chasse. L’arrivée des chasseurs aux sangliers et des meutes de chiens l’ont sûrement éloigné. Et depuis que la chasse est finie, quatre carcasses de chevreuils ont été trouvées près des pistes », raconte-t-il. Et Christian Roques d’ajouter : « Et il y en a sûrement que l’on n’a pas trouvées. »


Traque du loup : la chronologie des faits

Forêt de Triby. Nous sommes le 5 février. La première carcasse de chevreuil est découverte par des chasseurs. Dès le lendemain, un agent technique de l’environnement se rend sur place, constate les morsures. L’hypothèse de braconnage est alors écartée. Mais celle d’un gros chien est toujours d’actualité. Des faits similaires s’étant produit l’année précédente.

Hypothèse de courte durée : le 7 février une nouvelle carcasse est trouvée sur la commune de Saint-Amans-Soult, à 2,5 km du premier. Les indices relevés par le correspondant départemental du réseau Lynx-loup de l’ONCFS écartent a priori une attaque de chien : animal pris par le larynx, des trous de plus de 3 mm de diamètre, des empreintes de pas de 10 cm sur 8 cm similaires au loup.

Le week-end du 9 et 10 février, une équipe de 5 agents parcours le secteur. Elle découvre notamment un excrément, à environ 800 mètres du dernier lieu de prédation.

Un mois après les premières découvertes, Claude Roques, piégeur et garde-chasse à Saint-Amans-soult, découvre une troisième prédation sur la commune d’Albine.

Enfin, le 16 mars, à nouveau sur Saint-Amans-Soult, une quatrième carcasse est trouvée. Pour l’agence technique de l’environnement venu sur les lieux le 17 mars, tous les indices concordent pour attribuer cette nouvelle prédation à un loup.


1886 : le dernier loup tué dans le Tarn

Alain Levy, ancien directeur de la Bibliothèque et des Archives de Castres, rappelle que « dans le Tarn comme partout, le loup a inspiré de la terreur, cause d’ailleurs de sa disparition. Si quand il a faim et qu’il ne trouve plus sa nourriture sur son territoire, il s’attaque aux animaux d’élevage. Il ne s’en prend presque jamais aux êtres humains, sauf quand il est enragé. Jusqu’à la découverte du vaccin par Pasteur, les textes mentionnent au fil du temps des cas dramatiques de personnes mordues par un loup enragé et qui en ont perdu la vie. Pierre Borel au XVIIe siècle cite le cas de deux agriculteurs habitant près de la Chartreuse de Saïx. En 1812, le Préfet du Tarn signale le décès d’une femme morte également de la rage dans les mêmes circonstances».

Concernant la chasse aux loups, il évoque « la louveterie, organisée dès 1520, sous François 1er et à partir du Premier Empire pour procéder à la destruction des loups. De 1804 à 1900, le nombre de lieutenants de louveterie tarnais a été de 33, en général ce sont de grands propriétaires, proches politiquement du régime alors en place. Ils sont plus nombreux à proximité des zones boisées (La Grésigne, Monts de Lacaune et Montagne noire) où se rencontrent les loups. De la Révolution au milieu du XIXe siècle le Tarn semble avoir compté un nombre relativement important de ces animaux, suivant les années plusieurs dizaines sont tuées soit à l’occasion de battues, soit par des particuliers qui touchent alors une prime, demeurée tardivement faible ».

Alain Levy enchaîne : « Cependant, après 1850 les loups disparaissent peu à peu. Encore dans les années 1880, par grands froids, des agriculteurs déclarent en avoir vu ou entendu hurler. Le dernier loup tué dans le département l’a été en 1886. Mais au cours de l’hiver particulièrement rigoureux de 1956, une meute aurait été aperçue près de Montredon-Labessonnié, certainement de passage »

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Montagne noire (Tarn)

Lire notre article précédent sur le sujet en cliquant ici 

association Le Klan du Loup

Commentaires sur l’article « Le Loup revient en Montagne noire »

10 Responses

  1. salut je ne comprends pas ceux qui sont contre les loups , dans le temps il y en avait ?En ce moment je suis en foire aux vins alors je n’ai pas le temps de passer tous les jours bonne semaine

  2. Bonjour je m’appelle Cédric carme, je suis technicien Forestier dans le Tarn et habite Saint Amans Soult dans le Tarn. Ma maison et juste a coté de la foret de la Montagne Noire. A 5 kilométre a peine des 4 cadavres de chevreuils retrouvé (soit disant attaqué par le loup). Mon pré est un des plus prét de la forêt. Je tiens a vous dire que je suis également éleveur ovins avec 30 brebis et que j’ai plus peur d’un chien errant que du loup. Le loup était là avant nous(ma grand-mére me le raconte encore malgrés ses 92 ans). « Personellement je trouve que si le loup revent , cela est bien pour la biodiversité » Je ne pense pas qu’ils attaqueront mes brebis avec tous les chevreuils existants.Cela peut arrivé, mais il ya des remboursement prévu par tete. Moi je pense que le probléme pour nous éléveur c’est le chien errant qui réalise des carnages dans nos troupaux. Du moins a ce moment précis c’est le cas.

  3. Merci de votre précieux témoignage !
    Effectivement, les chiens errants sont un véritable fléau pour les éleveurs mais bien peu osent l’admettre. Votre courage et votre honnêteté intellectuelle vous honorent.
    N’hésitez pas à venir nous voir régulièrement et à nous faire part de vos observations.
    Salutations lupines.
    Le Klan du Loup

  4. Sauvons le loup.je suis a fond pour sa sauvegarde et pour sa protectionContinuer a fondJe participe a ma maniere en creant des fonds d’ecran sur le theme de l’écologie et de la defense des animaux.

  5. Bonsoir,Il y a 7 mois jour pour jour je vous faisais part de ma peur des chiens errants en Montagne noire. Eleveur Ovins, je viens de lire derniérement que pas loin de chez moi (dans le Tarn 81) 15brebies ont été égorgées par des chiens errants. Deux jours plus tards, 50 brebies dans les Pyrénées ont été égalements égorgées par deux chien errants. De ce fait, le Loup qui est toujours présent en montagne noire même si personne en parle continue sa route. Je comprends les éleveurs ovins des pyrénées sur ce sujet, mais nous dans la montagne noire ? ? ?. Mais il faut avouer qu’en France la premiére mortalité chez lez ovins et a la cause : DES CHIENS ERRANTS.

  6. Le éleveurs ovins paient souvent un lourd tribu à cause des chiens errants.
    Le problème est récurrent, particulièrement dans des secteurs comme la Crau.
    Votre commentaire est honnête et instructif.
    Au plaisir de vous (re)lire.
    Salutations lupines.
    Le Klan du Loup

  7. Aprés vous avoir laisser un commentaire il y a un an et demie sur la peur des chiens érrants, je viens vous informer qu’une attaque en ce 25 décembre 2009 (jour de noel) a eu lieu sur mon troupeau.
    Le tiers de mon cheptel (soit 6 brebis) a était décimé par un chien loup et un beauceron. Je suis dépité et écoeuré !!!!!!  

  8. Hélas, votre bien triste affaire ne fait que confirmer que le véritable ennemi du berger est le chien errant et non le Loup.

    Nous comprenons votre écœurement et nous sommes à vos côtés dans cette épreuve.

    Salutations lupines.

    association Le Klan du Loup

  9. bsr je suis chauffeur routier regional dans la grande  distribution!!!ce matin vers 6H30 { il fesait encore nuit ) je redescendait de ma livraison entre St PONS et narbonne par la
    dept 907 7km avant la caunette je ne roulais pas tres vitte car la chaussee etait mouillee un animal a reaverser la route une vingtaine de metre devant moi sur le coup jais crue que cetait
    un sanglier c quant jais mis mes plein phares que jais ue la surprise de voir une bete ressemblant a un loups ca posture navais rien a voir avec celle dun chien jais stoper mon camion la bette
    avais lair surprise mais pas effrayee elle c avance vers moi surement aveuglee par lesphares et arivee au niveau de ma portiere a regarder et disparue dans les fourets!!!jan ais parler a des amis
    et dautres chauffeur de mon entreprise qui ne mont pas pris au serieux!!c pour ca que fais fait des recherches et je suis surpris detre tomber sur votre site!!!ce soir je refait la meme tournee
    jais prevus de prendre mon apareil photos ont c jamais!!! 

  10. Bonjour,

    Vous avez sans doute du voir un CLT (Chien Loup Tcheque) ou un Saarloos. Ces 2 chiens peuvent être très ressemblant avec le loup.

    Salutations lupines.

    association Le Klan du Loup

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