En ce mois de septembre de l’an 2017, un tribunal correctionnel français de VERSAILLES juge, selon des dépêches de presse, deux militants de la cause animale pour « violation de domicile » et « pour atteinte à la vie privée d’autrui ».
Ils auraient disposé dans un abattoir des caméras pour filmer des actes de cruauté, très légalement perpétrés à l’encontre d’animaux destinés à la boucherie et ce afin d’informer l’opinion publique.
Précisément, il s’agissait de montrer la souffrance de porcs enfermés dans un puits de gaz carbonique.
Or, ceux qui tuent exigent le silence.
La vision de la souffrance des porcs, des veaux et moutons « abattus » est interdite. Les citoyens ne doivent pas savoir. Le réel ne doit pas avoir lieu pour que les lâches, les planqués, les conformistes conservent leurs consciences assoupies et que les affaires prospèrent.
Je ne suis pas de ceux qui imposent quoi que ce soit à qui que ce soit, mais je dis que le droit d’informer, la liberté d’expression, l’accès à la vérité sont des valeurs premières et que l’État, ses tribunaux, ses institutions s’honorent en les garantissant.
Cependant, loin de s’honorer, il advient trop souvent que préférant l’injustice au désordre, la censure à la Vérité, le silence à la libre parole, le conformisme
frileux à l’idée neuve et généreuse, quelques juges condamnent FLAUBERT, ZOLA, BLUM et tant d’autres.
Un abattoir devient un domicile et filmer des agonies, des sévices, des détresses confinerait à une atteinte au droit à l’image et, pourquoi pas, à la vie privée ?
Certains confondraient-ils une chambre à gaz et une chambre à coucher, terrain de prédilection de la vie privée ?
D’après la presse, le procureur du lieu aurait requis contre les militants de l’association L214 pour les faire taire à l’avenir, pour qu’ils n’informent plus l’opinion sur les horreurs des abattoirs, des amendes colossales, de l’ordre de quinze mille Euros.
Le montant de ces réquisitions révèlent ainsi l’intention sous-jacente : étouffer une pensée, des faits, la vérité et la liberté d’expression.
S’il advenait que le tribunal, en suivant ces réquisitions, réitérait en notre temps les procès du passé contre d’autres novateurs, il conviendrait de poursuivre le combat devant la cour d’appel, puis la cour de cassation et enfin celle des Droits de l’Homme, notamment en invoquant l’article 10 de la CONVENTION EUROPEENNE DE SAUVEGARDE DES DROITS DE l’HOMME ET DES LIBERTÉS FONDAMENTALES prévoyant, justement, la liberté d’expression.
Cette haute juridiction applique le principe de proportionnalité en présence d’une atteinte aux droits garantis.
Entre la « violation de domicile » et le droit à la vie privée des abatteurs et la liberté d’informer sur des faits intéressant l’ensemble des citoyens, le juge européen aurait à arbitrer.
Je pense qu’il le ferait en faveur de la Liberté.
Cette lamentable affaire qui prouve que rien n’est acquis, que l’Histoire balbutie, qu’il faut continuer à lutter pour la liberté face aux lobbies, mérite d’être rapproché d’un décret scélérat adopté le 3 juin 2010, érigeant en contravention « l’entrave à la chasse ».
Il est sans précédent, sans exemple que l’État édicte une contravention d’entrave à un quelconque loisir et la soumission du politique à la féodalité cynégétique était aberrante et ridicule.
Les tortionnaires craignent la lumière. Il leur faut le mensonge, l’ignorance, la dissimulation.
Ils n’aiment pas le débat, la simple description des faits car leurs pratiques sont insoutenables.
Je sais que les faits sont têtus et que la censure, l’ordre injuste, l’imposture ne les protégeront pas longtemps.
L’animal est un être sensible.
Cette donnée impose l’abolition de tous les actes de violence et de cruauté à son encontre et aucun procès, aucune menace, aucune propagande ne feront taire les femmes et hommes de mieux.
L’abattoir s’est constitué partie civile au procès et aurait demandé deux cent cinquante mille Euros de dommages et intérêts en réparation de son préjudice.
Quel est ce préjudice ?
Rien de dégradé, aucune perte matérielle, mais les faits sont honteux et il fallait les ignorer.
Pour les maltraitants, la vérité dévoilée devient un préjudice.
Les lobbies combattent les lanceurs d’alerte et veulent l’omerta sur leurs pratiques.
Le lobby de la viande redoute que les citoyens sachent ce qui se passe dans « leurs domiciles » et ce qu’ils font de « leur vie privée », au fond des puits de gazage.
Vous avez dit : « Vie privée d’autrui » ?
Non, c’est la mort cachée des truies.
Nul ne songe à attenter à la vie privée des tueurs de métier ou de loisir.
Privées de quoi leurs vies ?
De conscience.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE