Notre planète semble se rétrécir à vue d’œil, non pas en raison du contenant qui diminuerait mais parce-que le continu ne cesse d’augmenter.
La population humaine , en pleine expansion, cherche (du moins une partie d’entre elle) des succédanés pour tenter de vivre pleinement.
Les Hommes, et les animaux dont ils se servent pour travailler ou pour manger -les animaux domestiques-, prennent beaucoup de place.
Et les animaux sauvages (ou libres, comme on voudra) ? Ont-ils encore une place ?
Dans notre pays, il existe des lois et des règlements destinés à les protéger. A faire en sorte qu’ils puissent vivre dans leur habitat naturel, ou y revenir.
Mais des voix s’élèvent aussi pour contester cette présence.
Loups, ours, ou même, pour certains, vautours ou bouquetins (!) n’auraient aucune légitimité à se trouver dans des endroits que l’on qualifie pourtant volontiers de « préservés » ou de « naturels ». A l’image des parcs nationaux, par exemple, conçus pour sauvegarder la nature et ses hôtes, et qui n’ont pu voir le jour que grâce à des pionniers visionnaires ainsi que grâce à l’ensemble des contribuables.
Par un singulier cheminement de l’esprit, seuls des animaux domestiques pourraient tranquillement prospérer au sein de zones « naturelles ». On en conviendra, le paradoxe saute aux yeux.
Pour autant, et les choses étant posées, on ne saurait balayer d’un revers de main les préoccupations de certains éleveurs qui ont le droit, et même le devoir, de défendre leur gagne-pain.
Alors ? La cohabitation est-elle réellement possible ? La situation doit-elle être à tout prix conflictuelle ?
Un prédateur, comme son nom l’indique, se doit d’effectuer un acte de prédation pour survivre. Et un éleveur doit pouvoir vivre de son métier même s’il doit bien reconnaître qu’il a des rapports de force avec la Nature.
Certains l’ont bien compris, qui jouent le jeu, renouant avec les saines pratiques du gardiennage, acceptant la présence de chiens et de clôtures pour la nuit (payés par les contribuables européens, donc essentiellement français et allemands).
Mais d’autres semblent surtout pressés de mettre le moindre méfait sur le compte des ours ou des Loups alors qu’on sait pertinemment que les troupeaux payent un lourd tribut aux chiens errants.
Une saine conception des choses devrait, en tout cas, permettre aux amoureux de la nature de jouir de ses bienfaits dans des endroits faits pour cela. Sinon, personne ne sera gagnant dans cette histoire.
L’intelligence artificielle arrive à grand train et « l’Homme augmenté » (ou alourdi de nouvelles chaînes, comme on voudra) commencera à tournoyer dans un monde éthéré.
Et le troupeau humain, toujours plus bêlants et nombreux, sera venu à bout de toute vie sauvage, mais ne se nourrira pas plus de produits carnés trop dévoreurs de ressources, en plus d’être pollueurs.
Est-ce cela que nous voulons ?
Anne Ménatory pour Le Klan du Loup