Ils portaient des masques de loup et tenaient des bâtons. Un petit groupe qui prétend lutter contre « l’asservissement » a attaqué l’espace culturel nantais hier après-midi.
Ca n’a pas duré mais selon cette femme qui buvait un verre en terrasse en famille, allongée sur un transat, « ça a été hyperviolent et impressionnant« . Peu après 15 h, hier, une bande d’une dizaine de personnes a fait irruption au Lieu Unique. Habillés de noir, les visages dissimulés sous des masques de loup et des lunettes de ski, les importuns ont surgi, armes au poing. Certains tenaient en effet des bâtons ou barres de fer. D’autres des « bombes » pleines d’un produit visqueux noir.
À l’intérieur, ils s’en sont pris aux boutiques. Ont renversé du mobilier, ont souillé le sol. Avant de partir très vite, ils ont jeté en l’air des tracts signés La Meute. On notera, évidemment, l’allusion à l’oeuvre de la biennale Estuaire que l’on peut voir au château : une meute de loups a élu domicile dans les douves.
Sur des sites d’amis des loups, sur internet, l’oeuvre a suscité des réactions on ne peut plus virulentes. Et certains en appelaient à organiser « des actions ». Hier, à la lueur des premiers éléments d’information, ce n’est pourtant pas de ce côté qu’il fallait chercher l’origine de l’attaque.
Plutôt qu’un plaidoyer en faveur des animaux, le texte est, indique-t-on en coulisses, un conglomérat de considérations « politiques et philosophiques ». Selon Jean Blaise, le créateur de la biennale, « ils utilisent la métaphore des loups qu’on aurait soi-disant asservis. C’est un discours contre la société. Pour eux, à partir du moment où on est actif dans cette société, on est complice de l’état du monde. Jean Blaise trouve là matière à conforter son travail. Mon boulot, depuis toujours, c’est justement de lutter contre ce genre d’actes… » Et d’ajouter « Estuaire propose de l’art à des gens qui n’y ont pas accès habituellement, à un public populaire. Ça, c’est politique ».
« Bien préparé »
On pourrait trouver le coup d’hier un poil grotesque. En réalité, il a surtout été traumatisant et a marqué les esprits. Les clients et le personnel, sans avoir été directement pris à partie par les vandales, ont été choqués. « On peut discuter de tout, oui, concédait une cliente. Mais la violence, avec en plus les enfants qui étaient là… Non !«
Le Lieu unique a donc été fermé peu après le départ de la police. Les enquêteurs, justement, ont maintenant du pain sur la planche. Des plaintes ont été déposées. Un policier estimait qu’il s’agissait d’une action « bien préparée ». Les vandales ont agi vite et ont pris la fuite en un éclair. Les premières patrouilles sur place, « 5 minutes » seulement après le départ de la bande, n’ont rien retrouvé. Ni masque de loup ni lunettes.
Une première fois déjà, le 16 juin, lors d’un colloque avec Stéphane Thidet, l’auteur de la Meute (l’oeuvre, pas la bande qui a surgi hier), un même groupe de loups masqués avaient balancé des tracts sur l’assistance. Avec un même discours sur l’asservissement. Troublé par actions, Jean Blaise, se dit pourtant toujours prêt à discuter.
Thomas HENG Yasmine TIGOÉ
Ouest France
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1 Response
Un affreux jeu de maux, confondre l’animal avec l’homme qui est un loup pour même. Pas vraiment sympa. Idiot!