La nouvelle a retentit comme un coup de fusil dans un sous-bois au petit matin : les préfets de certains départements, dit ruraux, voire rurbains, autoriseraient les tirs sur les… chiens errants.
La nouvelle date de quelques petits mois et elle sonne comme un aveu.
Les attaques sur les troupeaux d’ovins sont bel et bien le fait de chiens plus ou moins fugueurs.
Bien sur les loups apprécient le fragile agneau et nul ne saurait le nier. Et cherchant la facilité, il ira le plus souvent croquer le bêlant et tendre animal, surtout s’il ne bénéficie d’aucune protection. Mais bien avant que le loup ne revienne dans certains territoires de notre pays [la France, N.D.R.], on dénombrait chaque année plusieurs centaines de milliers d’attaques dues à des chiens.
Les statistiques des Chambres d’Agriculture font foi. Mais depuis de trop nombreuses années, on avait fini de l’oublier pour tout mettre sur le dos du Canis lupus, bouc émissaire bien commode.
Et on posait donc, presque systématiquement sur chaque attaque, « l’appréciation (= suspicion) de loups ». La suspicion se transformant la plupart du temps en attaque de loups sur fond d’indemnisation et de poussière sous le tapis.
La lucidité aura ainsi eu raison du dogmatisme ; dans ces endroits là, du moins, et pour cette période estivale.
Il y a fort à parier, en effet, que les peurs ancestrales reviennent bien vite sur le devant de la scène, surtout lorsqu’elles se mêlent aux difficultés d’un métier exigeant, en butte de surcroit à une concurrence exacerbée par les errements européens.
Revenons à nos chiens errants :
Pour une fois, le loup seul n’aura pas fait les frais d’une décision administrative.
Cela a le mérite de la clarté ; on ne peut que le souligner.
Anne Ménatory pour Le Klan du Loup